l’importance capitale de son objet. Maintenant, dans notre siècle, c’est une mode bien portée que de lui témoigner tout son mépris, et la noble dame, repoussée et délaissée, se lamente comme Hécube :
Tot generis natisque potens…
Nunc trahor exul, inops.
Au début, sous le règne des dogmatiques, son pouvoir était despotique. Mais, comme sa législation portait encore l’empreinte de l’antique barbarie, cette métaphysique tomba peu à peu, par suite de guerres intestines, dans une complète anarchie, et les sceptiques, espèce de nomades qui ont horreur de s’établir définitivement sur une terre, rompaient de temps en temps le lien social. Pourtant, comme ils n’étaient — par bonheur — qu’un petit nombre, ils ne purent pas empêcher leurs adversaires de s’essayer toujours de nouveau, mais du reste sans aucun plan entre eux concerté d’avance, à rétablir ce lien brisé. Dans les temps modernes, il est vrai, il sembla un moment qu’une certaine physiologie de l’entendement humain (celle du célèbre Locke) dût mettre fin à ces querelles et décider entièrement de la légitimité de ces prétentions. Mais bien que la naissance de cette prétendue reine ait été dérivée (par Locke) de la vulgaire expérience commune et qu’on eût dû pour cela, à bon droit, mépriser son usurpation, il arriva cependant, parce que cette généalogie qu’on lui avait fabriquée était fausse en réalité, qu’elle continua à affirmer ses prétentions. C’est pourquoi, de nouveau, tout retomba dans le vieux dogmatisme vermoulu et, par suite, dans le mépris auquel on avait voulu soustraire la science. Aujourd’hui que l’on a (comme on le croit) tenté en vain toutes les voies, règnent le dégoût et l’entier Indifférentisme, qui engendrent le chaos et les ténèbres dans les sciences, mais qui sont cependant en même temps la source ou du moins le prélude d’une transformation prochaine et d’une renaissance (Aufklärung) de ces mêmes sciences, qu’un zèle maladroit a rendues obscures, confuses et inutilisables.
Il est vain, en effet, de vouloir affecter de l’indifférence par rapport à des recherches dont l’objet ne peut être indifférent à la nature humaine. Aussi ces prétendus indifférentistes,