d’un abus de termes scolastiques, dénonçant tout un ensemble compliqué de rouages et de mécanismes logiques, et, selon le mot de W. James, toute une machinerie kantienne. C’est oublier trop vite la complexité des problèmes épistémologiques, pour la solution desquels on ne voit pas d’ailleurs que le logicien moderne fasse une bien grande épargne de postulats, et c’est oublier surtout la résolution bien arrêtée de Kant de n’en point donner une esquisse, mais d’en spécifier ou d’en déterminer, ainsi qu’il le dit dans la préface de la 1re édition de la Critique[1], tous les éléments, par une analyse approfondie de tous les pouvoirs de la raison humaine. À ce point de vue nous avons le droit de soutenir que le positivisme de Comte reste une contingence de l’histoire, tandis que le positivisme, ou plutôt l’Erfahrungslehre de l’Analytique transcendantale, tout en laissant à la science, dans l’histoire, la souplesse de ses transformations et de son évolution, trouve du moins la justification de son droit dans la constitution de l’esprit, dans des formes qui à vrai dire sont bien plutôt des conditions universelles de connaissance que des connaissances déterminées, bref dans l’absolu d’une pensée qui ne nous impose aucun « objet » ni aucune « vérité », mais seulement des lois sans lesquelles nous ne pourrions connaître aucun « objet », ni conquérir aucune « vérité ». Et ainsi la science se réfère, chez Kant, à des principes qui ne sont point encore des principes scientifiques, mais sans lesquels il n’y aurait point de science, du moins de science légitime et consciente de son droit.
L’idée maîtresse de la Critique de Kant, celle du moins qui le conduisit à résoudre comme nous venons de le rappeler le problème de l’expérience et à fonder le « positivisme » de la science, est la même au fond qui
- ↑ Et Introd. A, fin du §4.