ment à combler les lacunes du système critique de la raison spéculative (car ce dernier est complet à son point de vue), et comme des étais et des arcs-boutants ajoutés après coup à une construction trop rapidement faite, mais bien comme de véritables membres qui rendent visible la cohésion du système et font percevoir maintenant dans leur forme réelle (in ihrer realen Darstellung), des concepts qui ne pouvaient, dans la Critique de la raison pure (dort), être représentés que d’une manière problématique. Cette remarque s’applique spécialement au concept de la liberté, à propos duquel il faut remarquer avec étonnement que bon nombre d’hommes se vantent de le percevoir très bien (ganz wohl einzusehen) et d’en pouvoir expliquer la possibilité, en le considérant simplement au point de vue psychologique, tandis que, s’ils l’avaient d’abord examiné avec soin au point de vue transcendantal, ils auraient reconnu non seulement qu’il est indispensable (seine Unentberlichkeit) comme concept problématique pour l’usage complet de la raison spéculative, mais encore qu’il est absolument incompréhensible. Si ensuite ils étaient passés à l’usage pratique de ce concept, ils auraient dû en venir d’eux-mêmes précisément à une détermination de ce concept, relativement à ses principes, identique à celle à laquelle ils ont aujourd’hui tant de peine à donner leur assentiment {zu welcher sie sich so ungern verstehen wollen). Le concept de la liberté est la pierre d’achoppement de tous les empi-
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PRÉFACE