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tandis que la raison pure pratique, par le fait qu’elle anéantit toutes les prétentions de l’amour de soi, en opposition avec elle, donne de l’autorité à la loi qui seule maintenant a de l’influence. Il est à remarquer ici que, de même que le respect est une action (Wirkung) sur le sentiment, partant sur la sensibilité d’un être raisonnable, il suppose les êtres, auxquels la loi morale impose le respect1, sensibles, par conséquent finis (diese Sinnlichkeit... die Endlichkeit voraussetze) ; et que le respect pour la loi ne peut être attribué à un être suprême ou même à un être libre de toute sensibilité et chez lequel, par conséquent, la sensibilité ne peut être un obstacle pour la raison pratique.

Ce sentiment (sous le nom de sentiment moral), est donc exclusivement produit par la raison. Il ne sert ni à juger les actions ni à fonder la loi morale objective mais simplement comme mobile à faire une maxime de cette loi en elle-même. Mais quel nom s’adapterait mieux à ce sentiment singulier, qui ne peut être comparé à aucun sentiment pathologique ? Il est d’une nature si particulière, qu’il parait être exclusivement aux ordres de la raison et même de la raison pure pratique.

Le respect s’applique toujours uniquement aux personnes, jamais aux choses. Les choses peuvent exciter en nous de l'inclination {Neigung) et même de l’amour, si ce sont des animaux (par exemple des chevaux, des chiens, etc.), ou aussi de la crainte, comme la mer, un


1 Nous traduisons littéralement le passage, denen das moralische Gesetz Achtung aufelegt. Barni supprime sans raison Achtung et traduit auxquels s’impose la loi morale. (F. P.)