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COMMENT FAUT-IL ÉTUDIER LA MORALE DE KANT ?


viennent encore par la Profession de foi du vicaire savoyard, pour se rapprocher de Rousseau, Kant paraphrasera encore les vers célèbres :

Un jour tout sera bien, voilà notre espérance,
Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion.

Kant lit avec enthousiasme les œuvres de Rousseau et, pour les avoir plus tôt, dépasse — ce qu’il n’a fait qu’une autre fois au temps de la Révolution française — les limites de sa promenade quotidienne (n. 16, p. 3i8). Il les commente devant Herder, de 1762 à 1764 et apprend, du « Newton des sciences morales », à chercher ailleurs que dans la poursuite de la vérité, le véritable prix de l’homme. Rousseau lui fait abandonner la physique mécanique, lui présente sous forme chrétienne les théories morales de Voltaire et réveille en lui les croyances de son enfance. Il lui persuade qu’on ne peut être vertueux sans religion et que J.-C. est supérieur à Socrate ; il l’encourage à mépriser le scepticisme et le matérialisme, à consulter sa conscience et à défendre la liberté.

Par son amour de la vérité, par ses recherches mathématiques, astronomiques et physiques, Kant tient des philosophes du xviiP siècle. Il enseigne les mathématiques, la géographie, l’astronomie, la physique, etc., et M. Nolen a montré ce qu’il doit à Newton (n. 16, p. 318). Il veut imiter Copernic, dans sa révolution philosophique, et ses compatriotes lui attribuent l’hypothèse cosmogonique de la nébuleuse, que nous rapportons à Laplace. Même après s’être tourné vers les sciences morales, il insiste sur la valeur, pour le mathématicien, d’une formule qui détermine, d’une manière tout à fait exacte et sans laisser de place à Terreur, ce qu’il y a à faire pour résoudre un problème (p. 10). Enfin il finit la Critique de la Raison pratique, en célébrant non seulement la loi morale, mais encore, à la façon d’un Diderot ou d’un Laplace, c le ciel étoile, qui étend la connexion dans laquelle il se trouve, à l’espace immense où les mondes s’ajoutent aux mondes et les systèmes aux systèmes et en outre à la durée sans limites de leur mouvement périodique, de leur commencement et de leur durée ».


II


D’autres doctrines, plus nombreuses et peut-être plus impor» tantes à ses yeux, lui vinrent de sources auxquelles n’auraient pas voulu puiser la plupart des contemporains dont nous avons rappelé les noms.