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DU SENS INTIME.


stimulant de la sensibilité en général, une sorte d’excitant souvent réitéré pour l’attention, qui s’attache ainsi sans relâche à l’objet de sa pensée ; autrement elle sommeillerait ou tomberait dans la langueur par suite de l’uniformité de sa situation : ces moyens au contraire la stimulent sans cesse. Cette manière de s’entretenir avec soi-même tient lieu d’une société ; le vide du temps se trouve rempli, à défaut de conversation, par des sensations sans cesse excitées et qui disparaissent avec rapidité, mais qui se renouvellent à chaque instant.


§ XXIV.


Du sens intime.


Le sens intime n’est pas l’apperception pure, une conscience de ce que l’homme fait, car cette conscience fait partie de la faculté de penser ; mais c’est la conscience de ce qu’il souffre en tant qu’il est affecté par le jeu même de sa pensée. L’intuition interne, par conséquent le rapport des représentations dans le temps (suivant qu’elles sont simultanées ou successives), est la base du sens intime. Ses perceptions et l’expérience interne (vraie ou apparente) qui forme leur enchaînement, ne sont pas simplement anthropologiques, car dans l’anthropologie on ne se demande pas si l’homme a une âme (comme substance incorporelle particulière) ou s’il n’en a pas ; elles sont au contraire psychologiques. En psychologie, on croit percevoir en