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QUESTIONS.

Plus le sens vital est capable d’impression ( plus il est délicat et sensible), plus malheureux est l’homme ; phis la sensibilité organique est vive (plus elle est im-pressionable), plus au contraire le sens vital est obtus, plus l’homme est heureux ; je dis plus il est heureux, mais pas moralement meilleur ; car il possède à un plus haut degré le sentiment de son bien-être. La sensibilité qui résulte de la force (sensibilitas sthenica), peut s’appeler une exquise sensibilité ; celle qui résulte de la faiblesse du sujet, de son impuissance à résister suffisamment à l’impression des influences sensibles sur la conscience, c’est-à-dire de la nécessité d’y donner son attention malgré la volonté, peut s’appeler une susceptibilité excessive (sensibilitas asthenica).


§ XXII.


Questions.


Quel est l’organe des sens le plus ingrat et qui semble aussi le moins nécessaire ? Celui de l’odorat. Le soin qu’on prend de le cultiver, de le raffiner, dans un but de jouissance, n’est pas récompensé ; car il y a plus de dégoût (surtout dans les réunions populaires) que de plaisir à attendre de la part de cet organe ; d’ailleurs la jouissance qu’il procure ne peut jamais être que fugitive et passagère. — Mais comme condition de bien-être, pour prévenir la respiration d’un air nuisible (la fumée d’un poAle, l’odeur infecte d’un