Page:Kant - Anthropologie.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
DE L'INTELLIGENCE.


Ces trois sens extérieurs conduisent par réflexion le sujet à la connaissance de l’objet comme chose hors de nous. — Mais si la sensation est assez forte pour que la conscience du mouvement de l’organe surpasse celle du rapport à un objet extérieur, alors des représentations externes se trouvent converties en internes. — Le poli ou le raboteux que nous remarquons dans les choses sensibles au toucher, est tout autre chose que la figure du corps extérieur qui nous est révélée par cet organe. De même, si la parole est si forte qu’elle déchire, comme on dit, les oreilles, ou si quelqu’un, qui passe d’une chambre obscure à un soleil éclatant, cligne des yeux, l’un est un instant comme aveuglé par une lumière ou trop forte ou subite, l’autre est comme assourdi par une voix perçante ; c’est-à-dire que l’un et l’autre, grâce à la violence de la sensation, ne peuvent arriver à la notion de l’objet, parce que leur attention ne s’attache qu’à la représentation subjective, c’est-à-dire au changement de l’organe.


§ XX.


Des sens du goût et de l’odorat.


Les sens du goût et de l’odorat sont l’un et l’autre plus subjectifs qu’objectifs ; le premier s’exerce par