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NOTES. 477

dispositions corporelles, lorsque le devoir m'appelait au lit des malades ou à la chaire ! Si pénible que cela me parut d'abord, après quelques minutes d'efforts, le mal était oublié, l'esprit triomphait du corps et la santé était rétablie.

Oui, la force de l'esprit se montre même dans les maladies épidémiques et contagieuses les plus frappantes. C'est une remarque toute expérimentale, que ceux qui ont un bon courage, qui n'ont ni crainte ni dégoût, sont les moins sujets à la contagion. 4 Mais je suis moi-même un exemple qu'une maladie déjà contractée peut être détruite par une exaltation joyeuse de l'esprit. — Pendant la campagne de 1807, époque où une fièvre pestilentielle sévissait ea Prusse, j'avais à soigner un grand nombre de ces malades, et un matin je ressentis, en m'éveillant, tous les symptômes de la maladie : vertiges, étourdissements, courbature, enfin tous les signes qui précèdent ordinairement de plusieurs jours l'explosion réelle de la maladie. — Mais le devoir commandait; d'autres étaient plus malades que moi. Je résolus de faire mon ouvrage comme de coutume, et de me rendre à midi à un repas auquel j'étais convié. Là, je me livrai entièrement, pendant quelques heures, à la joie et à la franche galté qui m'entourait; je bus à dessein un peu plus que de coutume, je rentrai chez moi avec une fièvre artificiellement excitée; je me mis au lit; la transpiration fut abondante toute la nuit, et le lendemain matin je me trouvai parfaitement rétabli. H. NOTE HUITIÈME. Ce résultat, quelque peu consolant qu'il soit, se trouve parfaitement juste, dès que nous considérons ce qu'est l'homme et ce qu'il doit être dans un sens parfait. Mais l'exemple même du vénérable auteur donne certainement une preuve parlante de ce que l'homme, même dans sa vieillesse, peut encore être pour les autres, lorsque, comme ici, la raison est toujours sa législatrice suprême.—Et ajoutez encore que, lors même que cette existence objective et civile manquerait, ne serions-nous pas encore les ruines saintes et respectables d'un grand et beau monument? Ne nous serviraient-elles pas comme souvenir du passé, signal de l'avenir, en même temps que de leçon et d'exemple? NOTE NEUVIÈME. Je suis entièrement de l'avis du respectable auteur (à l'exception du papier gris, dont Messieurs nos éditeurs ne se font déjà pas faute), et je suis convaincu que la majeure partie de ceux qui, maintenant, sentent leur vue s'affaiblir de jour en jour, le doivent à de fréquentes et longues lectures, principalement à des lectures rapides, qui, actuellement, sont plus nombreuses que jamais, à raison de la multiplicité des journaux et des écrits fugitifs, qui attaquent les yeux d'une manière incroyable. Si l'on voulait bien s'en assurer, on serait surpris de voir combien Pimpres-