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APOLOGIE DE LA SENSIBILITÉ.


fait entrer facilement beaucoup de choses dans sa propre conscience au lieu d’y constater simplement ce qui s’y trouve, il est prudent et même nécessaire de commencer par les phénomènes observés au-dedans de soi, avant de passer à l’affirmation de certaines propositions concernant la nature de l’homme, c’est-à-dire avant de passer à l’expérience interne.


§ VIII.


Apologie de la sensibilité.


Le respect de tout le monde est pour l’entendement, comme l’indique déjà la dénomination de faculté supérieure de connaître qu’on lui donne. Quiconque en voudrait faire l’éloge ne serait pas mieux venu que ce rhéteur qui avait entrepris de louer la vertu (stulte ! quis unquam vituperavit). Mais la sensibilité a mauvais renom. On en dit beaucoup de mal ; par exemple : 1o qu’elle jette dans la confusion la faculté représentative ; 2o qu’elle parle haut et d’un ton impérieux, tandis qu’elle ne devrait être que la servante de l’entendement, loin de s’opiniâtrer et de se raidir ; 3o qu’elle va même jusqu’à tromper, et qu’avec elle on ne peut être trop sur ses gardes. — D’un autre côté, les panégyristes ne lui ont pas fait défaut, surtout parmi les poètes et les gens de goût, qui regardent la sensibilisation des notions intellectuelles, non