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de l'empire de l'esprit. 467

non pas une opération mécanique (pharmaceutique), mais seulement une action immédiate de l'esprit, à savoir, de détourner tout à fait Y attention de cette irritation, et, en appliquant fermement soîi esprit sur un objet déterminé quelconque

vif le sentiment de bien-être dans les organes vitaux fortifiés, en déposant de l'oxygène dans ce conduit voisin du cerveau, ce qui est la même chose que si l'on buvait de l'air, d'où il arrive que ce fluide, quoiqu'il n'ait pas d'odeur, fortifie néanmoins les nerfs de l'olfaction et les vaisseaux absorbants qui sont placés dans leur voisinage ? L'on n'éprouve pas danstoue les temps cette agréable jouissance produite par l'air; parfois c'est un véritable plaisir de le boire à longs traits à son passage, ce qui n'arrive pas si l'on respire par la bouche.— Mais il est de la plus grande importance en diététique de contracter Y habitude de respirer exclusivement par le nez, afin que la respiration ne s'effectue pas différemment, même pendant le sommeil le plus profond, et qu'à l'instant où elle s'opère par la bouche on s'éveille aussitôt d'effroi, ainsi que cela m'est arrivé quelquefois avant que je me fusse habitué à ne respirer que par le nez. — Si l'on est contraint de marcher vite ou en montant, il convient de prendre la ferme résolution de ne pas déroger à cette règle, et, plutôt que d'y faire exception, de modérer sa marche. Il en serait de même dans le cas où un précepteur voudrait donner de l'exercice à ses élèves; il faut que dans leur marche ils observent un silence absolu plutôt que de faire une seule respiration par la bouche. Mes jeunes amis (mes auditeurs autrefois) ont apprécié cette maxime de diététique comme expérimentale et salutaire ; ils ne la comptent pas parmi les puérilités parce qu'elle n'est qu'un remède banal qui fait que l'on peut se passer de médecin. — Il faut aussi remarquer que, bien qu'il semble qu'on ne puisse pas sans préjudice s'affranchir de cette règle pendant les longs discours, on doit alors encore éviter de trop respirer par la bouche. Car alors la respiration s'effectue par les deux voies. En effet si, pendant le débit, le nez était obstrué, on dirait de l'orateur qu'il parle du nez (ce qui est fort désagréable), parce qu'au contraire il ne parle pas par le nez. Réciproquement il ne parle pas du nez, lorsqu'il parle réellement par le nez, ainsi que le conseiller Lichtenberg l'a observé avec justesse et enjouement. — C'est aussi par la même raison que celui qui parle longtemps et à haute voix (le lecteur ou le prédicateur) peut le faire pendant une heure sans s'enrouer, parce qu'il a soin de respùrn seulement par le nez, seule voie par laquelle la respiration puisse être réglée, et non par la bouche, qui ne doit servir qu'à Vexpiration. — Un autre avantage de l'habitude de respirer la bouche toujours fermée, quand du moins on ne parle pas seul, c'est que la salive, qui est continuellement sécrétée, humecte la gorge, sert à favoriser la digestion {stomacale), et agit peut-être aussi comme laxative (une fois avalée), si Ton est assez fortement résolu de ne pas la prodiguer par une mauvaise habitude.

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