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SECONDE PARTIE

OU PARTIE HISTORIQUE.

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CHAPITRE PREMIER.

Un récit dont la vérité est recommandée à l’examen du lecteur de bonne volonté.


Sit mihi fas audita loqui.....
Virgil.


La philosophie, dont la présomption fait qu’elle s’expose elle-même à toutes les vaines questions, se voit souvent dans un extrême embarras à l’occasion de certains récits, lorsqu’elle ne saurait impunément ni douter de quelques-uns d’eux, ni croire sans tomber dans le ridicule plusieurs des choses qui en font partie. Ces deux inconvénients se rencontrent à un certain degré dans les histoires courantes d’esprits : le premier tient à entendre celui qui les affirme ; le second à la considération de ceux auxquels on les rapporte. En fait, aucun reproche n’est plus amer pour un philosophe que celui de crédulité et de faiblesse pour l’erreur commune. Et comme ceux qui veulent paraître sages à bon marché se moquent de tout ce qui met jusqu’à un certain point au même niveau les ignorants et les sages, parce que c’est également inintelligible aux uns et aux autres, il n’est pas étonnant que les apparitions si souvent raccontées trouvent une grande créance, mais qu’elles-soient ou niées ou déguisées publiquement. On peut donc être assuré que jamais académie des sciences ne mettra au concours une pareille question ; non pas que ses membres soient exempts de tout attachement à cette opinion, mais parce que la prudence fait avec raison une loi de mettre des bornes aux questions