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dont il y vient, je ne dis mot. Je ne parle pas même de la façon dont il est présent dans ce monde, c’est-à-dire de la manière dont une nature immatérielle peut être active dans un corps et par lui. Et tout cela par l’excellente raison que je n’y entends rien. J’aurais donc très bien pu m’excuser également de mon ignorance par rapport à l’état futur, si l’attachement à une opinion caressée ne m’avait pas recommandé les raisons qui s’offraient à l’appui, si faibles qu’elles fussent.

La même ignorance m’empêche aussi de nier absolument· la vérité de tous ces récits d’apparitions, avec la réserve ordinaire toutefois, quoique assez surprenante, de révoquer en doute chacun d’eux en particulier, et d’accorder une certaine foi à tous pris ensemble. liberté au lecteur de juger comme il l’entendra. Quant à moi, l’autorité des raisons données au chapitre deuxième est assez forte à mes yeux pour me rendre réservé et indécis lorsque j’entends toutes sortes de récits merveilleux de cette nature. Toutefois, si l’on ne manque jamais de raisons justificatives quand on est sous l’empire d’un préjugé, je ne donnerai pas au lecteur l’ennui d’une plus longue justification de cette manière de voir.

Me trouvant à la fin de la théorie des esprits, j’ose avouer encore que cette méditation, si elle peut être de quelque profit au lecteur, est le complément de toute connaissance philosophique sur de pareils êtres, et qu’on pourra bien à l’avenir opiner encore toutes sortes de choses, mais qu’on n’en pourra jamais savoir davantage. Cette assertion semblera passablement présomptueuse ; car il n’est aucun objet de la nature tombant sous les sens, dont on puisse dire qu’on en a jamais épuisé la connaissance par l’observation ou par la raison, fût-ce une goutte d’eau, un grain de sable, ou quelque chose de plus simple encore, tant inépuisable est la diversité de ce que la nature, dans ses moindres parties, offre à connaître à un entendement aussi limité que celui de l’homme. Mais il en est tout autrement lorsqu’il s’agit de la notion systématique et philosophique d’êtres spirituels. Elle peut être achevée, mais dans le