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leurs amis, d’autres pour leurs biens. Le lundi soir, arriva à Gothenburg une estafette qui avait été expédiée par la chambre de commerce de Stockholm pendant l’incendie. Les lettres particulières racontaient l’événement tout à fait de la même manière. Le mardi matin, un courrier royal arrivait au gouverneur avec un rapport sur l’incendie, la perte occasionnée, et les maisons atteintes. Pas la moindre différence entre ce document et la description donnée par Swedenborg au moment même de la catastrophe, car le feu avait été maîtrisé à huit heures.

Que dire contre la crédibilité de ce fait ? L’ami qui m’écrit cela s’est informé de tout, non seulement à Stockholm, mais deux mois auparavant à Gothenbourg même, où il connaissait fort bien les principales maisons, et où il a pu se renseigner parfaitement de toute une ville dans laquelle vivent encore la plupart des témoins d’un fait arrivé depuis peu, en 1756. Il m’a fourni en même temps quelques renseignements sur la manière dont, au dire de M. de Swedenborg, a lieu sa communication avec d’autres esprits, sur les idées qu’il donne de l’état des âmes des morts. Cette situation est étrange, mais il serait trop long d’en faire la description. Je désirerais vivement pouvoir interroger cet homme étonnant lui-même, car mon ami n’est pas assez versé dans la méthode pour demander ce qui est le plus propre à jeter quelque jour dans une telle affaire. J’attends avec impatience le livre que Swedenborg veut publier à Londres. Tout est prêt pour que je le reçoive aussitôt qu’il sera sorti de la presse.

Voilà tout ce que je puis vous dire à présent pour contenter votre noble désir de savoir. J’ignore, très gracieuse demoiselle, si vous pouvez avoir le désir de connaître le jugement qu’il me serait permis de hasarder sur un sujet aussi délicat. Des hommes beaucoup mieux doués que moi pourront dire là-dessus peu de chose de certain. Mais si peu important que puisse être mon jugement, vos ordres me seront un devoir de vous le faire connaître par écrit, puisque vous êtes encore pour longtemps à