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SUR SWEDENBORG.








I


SUR SWEDENBORG


1758




Je ne me serais pas si longtemps privé de l’honneur et du plaisir d’obéir aux ordres d’une dame[1] qui est l’ornement de son sexe, en lui donnant les renseignements qu’elle désire, si je n’avais pas jugé nécessaire d’acquérir une connaissance plus complète de cette affaire. L’objet du récit suivant est d’une toute autre nature que la plupart de ceux qu’il convient d’orner pour les faire pénétrer dans le sanctuaire de la beauté.

J’aurais encore la même réponse à faire, si, à la lecture de ce récit, une gravité solennelle devait à l’instant dissiper l’air de satisfaction avec lequel une heureuse innocence croit pouvoir envisager toute la création. Mais je suis sûr que, malgré l’horreur que de pareilles images doivent exciter, horreur qui n’est que le retour d’anciennes impressions du premier âge, la personne éclairée qui lira ceci n’oubliera point la ressemblance


  1. Kant donnait cette réponse en 1758, dans une lettre à Mlle Charlotte de Knobloch, plus tard mariée au lieutenant-colonel de Klingsporn, sur la question que lui avait adressée cette demoiselle relativement aux vision de Swedenborg. La spirituelle jeune fille s’était acquis l’estime toute spéciale de Kant par le vif intérêt qu’elle prenait à la culture supérieure de l’esprit. — Sch.