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CARACTÈRE DE L'ESPÈCE.


même ne prouve pas une disposition morale en nous, une imitation innée de la raison à combattre cette inclination, par conséquent à présenter l’espèce humaine comme mauvaise, mais comme formée d’êtres raisonnables destinés à s’élever, malgré les obstacles et par de continuels efforts, du mal au bien. La volonté est donc généralement bonne, mais l’accomplissement en est rendu difficile, parce que la fin à atteindre peut l’être non par le libre accord des particuliers, mais seulement par l’organisation progressive des citoyens du globe en une espèce et pour l’espèce systématiquement, c’est-à-dire cosmopolitiquement unie dans tous ses membres.

    tendance qui caractérise l’espèce. Mais si dans cette discipline du peuple la morale ne marche pas avant la religion, celle-ci voudra maîtriser celle-là, et une religion toute réglementaire (cérémonielle) deviendra un instrument du pouvoir public (de la politique) sous un despotisme de foi. Ce qui est un mal qui jette inévitablement le trouble dans le caractère, et conduit à gouverner par la fausseté (appelée la politique). Ce dont le grand monarque dont nous parlons, tout en confessant en public qu’il n’était que le premier serviteur de l’État, faisait le pénible aveu dans ses épanchements particuliers, alléguant pour son excuse personnelle la corruption de la maudite race qui s’appelle le genre humain.