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328 DES CARACTÈRES.

chant au mal, penchant qui s'éveille infailliblement et aussitôt que l'homme commence à faire usage de sa liberté, et qui peut par cette raison se considérer cornue inné, on peut dire alors que l'homme, parle côté sensible de son caractère, est aussi méchant (par nature), sans qu'il y ait contradiction lorsqu'il s'agit du caractère de l'espèce, parce qu'alors on peut admettre que ce caractère consiste dans sa destinée naturelle à s'élever indéfiniment au mieux. Le résumé de l'anthropologie pragmatique par rapport à la destinée de l'homme et la caractéristique de sa culture se réduit à ce qui suit. L'homme est destiné par sa raison à vivre en société avec l'homme, à se cultiver, à se civiliser et se moraliser par les arts et les sciences dans le commerce de ses semblables, quelque puissant que soit son penchant animal à céder passivement aux attraits des plaisirs et du bien-être qu'on appelle bonheur, obligé qu'il est au contraire de se rendre digne de l'humanité en agissant, en luttant contre les obstacles qui lui viennent de la grossièreté de sa nature. L'homme doit donc être formé au bien; mais celui qui doit l'élever est aussi un homme, qui lui-même éprouve la grossièreté de la nature, et qui doit cependant faire tout ce qu'il peut lui-même. De là la déviation incessante de sa destinée, et les retours non moins fréquents par lesquels on y revient. — Nous dirons les difficultés de la solution de ce problème, et les obstacles qu'elle présente.