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CARACTÈRE DE L'ESPÈCE. 3$7

lee, doit plutôt s'améliorer par la grossièreté de sa nature que par les arts de la civilisation, qui ne laissent entrevoir aucune fin. — Il faut remarquer avant tout que chez toutes les espèces d'animaux abandonnés à eux-mêmes, chaque individu atteint sa complète destinée; mais que chez l'homme, c'est Y espèce seule: en sorte que ce n'est qu'en s avançant par une série indéfinie de générations nombreuses, que le genre humain peut s'élever par le travail à sa destinée, dont le terme est toujours en perspective, mais où il peut néanmoins toujours tendre, sans jamais retourner en arrière, quoique souvent il puisse en être empêché. III. Aptitude morale. — Il s'agit ici de savoir si l'homme est bon ou méchant par nature, ou s'il est par nature capable de devenir indifféremment l'un ou l'autre, suivant les mains qui le façonnent (cereus in vitium flecti, etc.). Dans le dernier cas, l'espèce même n'aurait pas de caractère. — Mais ce cas implique contradiction, puisqu'un être doué de raison pratique et de la conscience de la liberté de son arbitre (une personne) se voit dans cette conscience, même au milieu des plus obscures représentations, soumis à une loi de devoir, et sent (ce qui s'appelle alors le sentiment moral) qu'on est juste ou injuste envers lui, ou qu'il l'est envers autrui. C'est donc là déjà le caractère intelligible de l'humanité en général, et en tant que l'homme est naturellement bon quant à ses aptitudes innées. Cependant l'expérience faisant voir qu'il porte un penchant au désir pratique de ce qui est illicite, quoi qu'il sache que c'est défendu, c'est-à-dire un pen-

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