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montrent en même temps une bonté si grande, une si bonne humeur, qu’ils portent la raillerie sur leur propre visage ; ce qui par conséquent ne peut être appelé laideur, quoiqu’ils ne puissent trouver mauvais du tout si une dame dit d’eux (comme de Pélisson à l’Académie française) : « Ils abusent de la permission qu’ont les hommes d’être laids. » Il y aurait quelque chose de plus méchant et de plus bête, si un homme dont on doit attendre des mœurs reprochait à un malade, comme fait le peuple, jusqu’à des vices corporels, qui ne servent souvent qu’à relever les avantages de l’esprit. Ces reproches s’adressant à de jeunes infortunés (comme : « Tu es un aveugle, » « un chien d’estropié), » finissent par les rendre méchants et les aigrissent insensiblement contre ceux qui, n’ayant pas ces infirmités, croient en mieux valoir.

D’ailleurs les figures indigènes des étrangers, mais auxquelles ne sont pas habitués des peuples qui ne sont jamais sortis de leur pays, sont ordinairement pour ceux-ci un objet de raillerie. C’est ainsi que les petits Japonais courent après les marchands hollandais qui vont dans ce pays-là, en criant : « Oh quels yeux ! quels gros yeux ! » et que les Chinois trouvent risibles les cheveux roux d’un grand nombre d’Européens qui fréquentent leur pays, mais non pas leurs yeux bleus.

Pour ce qui est des simples crânes et de leur forme, qui est la base de leur figure, par exemple du crâne des Nègres, de celui des Kalmoucks, de celui des Indiens de la mer du Sud, etc., tels que Camper et