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comparée avec la bonté d’âme, doivent toutes deux se rencontrer dans le même sujet pour produire ce qui est plus idéal que réel, à savoir la grandeur d’âme.

3° La ténacité rigide, inflexible, dans une résolution prise (à peu près comme Charles XII), est sans doute une disposition naturelle très favorable au caractère, mais ce n’est pas encore un caractère déterminé. Il faut pour cela des principes moralement pratiques et dictés par la raison. On ne peut donc pas dire, à proprement parler : « La méchanceté de cet homme est une qualité de son caractère ; » ce serait alors une méchanceté diabolique, tandis que l’homme n’approuve jamais le mal en soi, et qu’il n’y a proprement pas de méchanceté par principes ; il n’y en a que par occasion. — C’est donc avec raison qu’on présente d’une manière négative les principes concernant le caractère. Ce sont les suivants :

a) Ne jamais manquer à la vérité de propos délibéré ; être par conséquent retenu dans son langage, afin de ne pas s’attirer l’affront d’une contradiction.

b) Ne pas dissimuler ; c’est-à-dire paraître en face animé de bons sentiments, et par derrière se montrer malveillant.

c) Ne pas manquer à une promesse (licite) ; ce qui comprend jusqu’à la nécessité d’honorer un souvenir d’une amitié maintenant rompue, et de ne pas abuser de la confiance et de l’ouverture de cœur des autres envers nous.

d) Ne pas se lier d’intimité avec des hommes qui pensent mal, et, se souvenant du noscitur ex socio,