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DE l/lNCLINÀTION AU POUVOIR. 247

§ LXXXIIL

c DE L'INCLINATION AU POUVOIR D'EXERCER UNE INFLUENCE SUR D'AUTRES HOMMES EN GENERAL. Cette inclination ressemble beaucoup à la raison techniquement pratique, c'est-à-dire à la maxime de prudence. — En effet, pour avoir en sa puissance les inclinations d'autres hommes, pour pouvoir les conduire et les déterminer à son gré, il faut presque être en possession des autres comme simples instruments de sa volonté. Il n'est pas étonnant que la tendance à un pouvoir semblable, d'avoir de l'influence sur autrui, devienne une passion. €ette faculté renferme en quelque sorte une triple puissance : Y honneur, le pouvoir et Y argent. Quand on la possède, on est en mesure d'agir sur tout homme et de le faire servira ses propres desseins, si ce n'est par l'un de ces moyens, du moins par un autre. Les inclinations qui s'y rapportent, quand elles deviennent des passions, sont Y ambition, la domination et Y avarice. Certainement l'homme devient ici le jouet (trompé) de ses propres inclinations, et manque sa fin en faisant servir de pareils moyens; mais nous parlons ici non de la sagesse, qui ne permet aucune passion, mais seulement de la prudence, avec laquelle on peut mener les fous. Maie les passions en général, si violentes qu'elles puissent être comme mobiles sensibles, ne sont ce-