Page:Kant - Anthropologie.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

DES PASSIONS. 24 1

nature vivante (même celle de l'homme) ne peut point se passer, et qui sont comme un besoin naturel et animal. Mais qu'il soit nécessaire qu'elles deviennent des passions, qu'elles le doivent même, c'est ce que la Providence n'a pas voulu, et les concevoir ainsi est pardonnable à un poète (à Pope, par exemple, qui dit : « Si la raison est un aimant, les passions sont des vents » ), mais le philosophe ne peut accepter ce principe, pas même pour faire l'éloge des passions à titre d'établissement provisoire de la Providence, qui les aurait à dessein déposées dans la nature humaine, avant que le genre humain fût parvenu à un degré convenable de culture. DIVISION DES PASSIONS. Les passions se divisent en naturelles (innées) et en acquises ou résultant de la culture de l'homme, suivant que l'inclination a l'un ou l'autre de ces caractères. Les passions du premier genre sont l’inclination pour la liberté et pour le sexe, toutes deux accompagnées d'émotion. Celles du second genre sont l’ambition, la domination et l’avarice, qui sont accompagnées non de la violence de l'émotion, mais de la constance d'une maxime posée pour certaines fins. Les premières peuvent être appelées passions ardentes (passiones ardentes); les secondes, telle que l'avarice, passions froides. Mais les passions ne sont jamais que des désirs d'hommes à hommes, et non d'hommes à choses, et à