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DES PASSIONS. 239

de ce genre ne contient pas,par rapport à l'objet, un principe durable. La passion suppose toujours une maxime du sujet d'agir suivant une fin qui lui est prescrite par la passion. Elle est donc toujours unie à la raison de cette fin; ce qui fait que les simples animaux ne peuvent avoir aucune passion, non plus que les êtres purement raisonnables. L'ambition, la vengeance, etc., n'étant jamais complètement satisfaites, sont mises au nombre des passions, comme des maladies contre lesquelles il n'y a que des palliatifs. § LXXX. Les passions sont des chancres pour la raison pratique pure, et le plus souvent inguérissables, parce que le malade ne veut pas être guéri, et qu'il se soustrait à la domination du principe qui pourrait amener la cure. La raison va aussi, dans la pratique physique, du général au particulier, suivant le principe de ne pas condescendre à une seule inclination, et de tenir toutes les autres dans l'ombre ou à l'écart, mais de faire attention que cette inclination puisse subsister avec l'ensemble de toutes les autres. — L'ambition d'un homme peut toujours être une direction raisonnable de son inclination; mais l'ambitieux veut aussi être aimé des autres, il a besoin d'un commerce de bienveillance, de conserver sa fortune, de l'accroître, etc- Mais s'il est passionnément ambitieux, il est alors aveugle sur ces fins, auxquelles cependant le portent