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sentent les livres de chevalerie, consiste précisément dans ce rôle protecteur.

Mais pourquoi les jeunes gens préfèrent-ils la tragédie et la jouent-ils plus volontiers lorsqu’ils veulent, par exemple, donner une fête à leurs parents, tandis que les vieillards aiment mieux la comédie, même le burlesque ? La raison de ce premier fait, c’est en partie la même précisément qui porte les enfants à rechercher le danger, vraisemblablement par un instinct de la nature, pour essayer leurs forces, mais en partie aussi parce que, grâce à la légèreté de la jeunesse, elle conserve, non la mélancolie des impressions de pitié ou de terreur aussitôt que la pièce est finie, mais seulement une agréable lassitude après une forte émotion intérieure, qui dispose de nouveau à la joie. Cette impression, au contraire, ne s’évanouit pas aussi facilement chez les vieillards, et ils ne peuvent pas aussi aisément reproduire en eux la disposition à la gaieté. Un arlequin qui a l’esprit souple détermine chez eux, par ses saillies, une secousse salutaire du diaphragme et des intestins, laquelle aiguise l’appétit pour les dîners de société qui viennent à la suite, et qu’accroît encore une agréable causerie.

OBSERVATION GÉNÉRALE.

Certaines sensations internes ressemblent aux émotions, mais n’en sont cependant pas, parce qu’elles ne sont qu’instantanées, passagères, et ne laissent aucune trace ; tel est le frissonnement qui s’empare des