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tien, qui donne à une personne l’air de l’indifférence à l’endroit du jugement d’autrui sur soi, est de l’effronterie, de l’impudence, tout au moins un défaut de modestie ; ce n’est donc pas du courage, dans le sens moral du mot.

Pour ce qui est de savoir si le suicide suppose aussi du courage, ou s’il n’est jamais que faiblesse, c’est là non une question de morale, mais de psychologie. Quand il a lieu uniquement pour ne pas survivre à l’honneur, par conséquent par colère, il semble être du courage ; mais s’il est dû à un défaut de patience dans la souffrance, par suite d’une tristesse qui a épuisé dès longtemps toute patience, c’est alors un découragement. Il semble à l’homme qu’il y a de l’héroïsme à regarder la mort en face sans la craindre, lorsqu’il ne peut aimer plus longtemps la vie. Mais si, craignant la mort, il ne peut cependant pas cesser d’aimer la vie à tout prix, et qu’il faille un trouble de l’âme occasionné par l’angoisse pour se décider au suicide, alors il y a lâcheté, puisqu’on ne peut supporter plus longtemps les peines de la vie. — Le mode de suicide fait connaître, jusqu’à un certain point, cette différence de disposition intérieure. Si le moyen d’exécution est subit et doit occasionner la mort sans qu’il y ait chance de salut, comme, par exemple, un coup de pistolet, ou (comme un grand monarque qui, au ces où il serait fait prisonnier, portait sur lui à la guerre) un sublimé violent, ou l’immersion dans une eau profonde les poches remplies de pierres, alors on ne peut contester au suicidé du courage. Mais s’il y a stran-