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DES ESPÈCES D'ÉMOTIONS. 221

effrayer) et qui excite l'âme à se recueillir pour la réflexion, a quelque chose qui ressemble à l'effroi; il porte à Y admiration (qui déjà comprend en soi de la réflexion). L'homme expérimenté n'admire pas facilement; mais il appartient à la nature de l'art de représenter l'habituel de telle façon qu'il devienne frappant. La colère est en même temps un effroi qui excite tout à coup les forces à résister au mal. La crainte d'un objet qui menacerait d'un mal indéterminé est de Yanriété. On peut éprouver de l'anxiété sans la rapporter à aucun objet particulier comme à la cause possible d'un mai : un serrement de cœur n'a que des causes purement subjectives (c'est un état maladif). La honte est un trouble occasionné par la crainte du mépris possible d'une personne présente, et, comme telle, une émotion. On peut d'ailleurs rougir sensiblement en l'absence de celui qui fait rougir; alors il n'y a pas émotion; c'est, comme le chagrin, une passion accompagnée du mépris de soi-même, mais qui tourmente vainement. La honte au contraire, comme émotion, doit saisir subitement. Les émotions sont en général des accès maladifs (des symptômes), et peuvent se diviser (par analogie avec le système de Brown) en émotions sthêniques ou par excès de force, et en émotions asthéniques ou par faiblesse. Les premières sont produites par une cause qui excite la force vitale, mais qui par là même l'épuisé souvent; les secondes par une cause qui relâche la même force vitale, mais aussi qui en prépare le rétablissement. — Le rire accompagné d'émotion