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204 DU SENTIMENT.

de la considérer ainsi, est une satisfaction qui s'attache à l'harmonie du plaisir du sujet avec le sentiment de tout autre, suivant une loi universelle qui doit résulter de la législation universelle du sentir, par conséquent de la raison; c'est-à-dire que le choix de cette satisfaction est soumis, quant à la forme, au principe du devoir. Le goût idéal a donc une tendance à l'amélioration extérieure de la moralité. — Rendre l'homme socialement meilleur ne signifie pas tout à fait le rendre moralement bon (le moraliser), mais l'y préparer par les efforts qu'il fait dans cette position pour plaire aux autres (afin d'en être aimé ou admiré). — En ce sens, on pourrait appeler le goût une moralité dans le phénomène extérieur, bien que cette expression, prise à la lettre, renferme une contradiction, puis-qu'être moralisé renferme Y apparence ou le dehors du bien moral et même un degré de ce bien, l'inclination à mettre déjà un prix au semblant de ce bien. § LXIX. Etre moralisé, avoir une bonne conduite, être poli, honnête (avec éloignement pour la grossièreté), n'est cependant que la condition négative du goût. La représentation de ces propriétés dans l'imagination peut être une espèce de représentation extérieurement intuitive d'un objet ou de sa propre personne avec goût, mais seulement pour deux sens, pour l'ouïe et la vue. Au contraire le mode de représentation discursif, par la parole parlée ou écrite, comprend deux arts où le goût peut se montrer : Y éloquence et la poésie.