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200 DU SENTIMENT.

• La beauté est la seule chose qui appartienne au goût; le sublime est sans doute du ressort du jugement esthétique, mais pas pour le goût. Cependant la représentation du sublime peut et doit être belle en soi, autrement elle est grossière, barbare et contraire au goût. L'expression de la méchanceté ou du haïssable même (par exemple de la forme de la mort personni-' fiée dans Milton) peut et doit être belle. Il en est de même toutes les fois qu'un objet doit être représenté esthétiquement, fût-ce un Thersite. Autrement, l'expression produit l'insipidité ou le dégoût, deux choses qui* tendent à faire repousser une représentation qui était cependant destinée à plaire, quand au contraire la beauté emporte la notion dune invitation à s'unir très étroitement à l'objet, c'est-à-dire à une jouissance immédiate. — Par les mots : une belle âme, on dit tout ce qui peut se dire pour en faire la fin de l'union la plus intime avec elle, car la grandeur et la force de G âme concernent la matière (les instruments pour certaines fins). Mais la bonté dame, —la forme pure sous laquelle toutes les fins doivent s'unir, et qui par conséquent, semblable à YEros de la Mythologie, est créateur originellement, mais aussi surnaturelle-ment, partout où il se rencontre, — est cependant le centre autour duquel le jugement de goût rassemble toutes ses manières de voir sur le plaisir sensible en tant qu'il peut être uni à la liberté de l'entendement. Observation. — D'où vient donc que les langues, surtout les modernes, ont désigné la faculté esthétique