Page:Kant - Anthropologie.djvu/205

Cette page n’a pas encore été corrigée


§ LXIV.

La jouissance qu’on se procure soi-même (légitimement) est doublement sentie, une fois comme gain, ensuite comme mérite (imputation intérieure d’en être soi-même l’auteur). — L’argent gagné par le travail fait plaisir, d’une manière plus durable du moins que celui qui provient d’un jeu de hasard, et tout en fermant les yeux sur les chances généralement défavorables de la loterie, le gain qui en naît a cependant quelque chose qui doit faire rougir un honnête homme. — Un mal physique où la faute n’est pour rien fait souffrir, mais celui qui n’est pas exempt de faute afflige et consterne.

Mais comment expliquer ou concilier ceci, qu’il y ait deux langages possibles à l’occasion d’un malheur arrivé ? — C’est ainsi que l’un des patients peut dine : « Je me consolerais si seulement j’avais en cela commis la moindre faute ; » tandis que l’autre dira : « Ma consolation, , c’est qu’en cela je suis tout à fait innocent. » — Celui qui souffre sans l’avoir mérité ë irrite, parce que l’offense vient d’un autre. — Celui qui souffre par sa faute s’abat parce qu’il y a reproche intérieur. — On voit aisément que le meilleur des deux, c’est le dernier.

§lxv.

Ce n’est pas précisément la plus agréable observation à faire dans l’homme, que de voir sa jouissance