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travail difficile, mais nécessaire ; on peut même mourir dans cette disposition ; car tout cela perd de son prix par le fait qu’il s’est accompli ou qu’il a été enduré de mauvaise grâce et dans une disposition acariâtre.

On dit de celui qui est en proie à une douleur qu’il entretient à dessein et qui ne doit finir qu’avec la vie, qu’il s’affecte profondément de quelque chose (d’un malheur). — Mais on ne doit s’affecter de rien, car ce qui ne peut changer doit être chassé de l’esprit, parce qu’il y aurait non-sens à vouloir que ce qui est arrivé ne fût pas arrivé. Bon de s’améliorer, et c’est un devoir ; mais pour ce qui est de vouloir corriger ce qui est déjà hors de ma puissance, c’est absurde. Mais prendre quelque chose à cœur, par exemple tout bon conseil, toute bonne doctrine que l’on est résolu de suivre et de professer, est une direction réfléchie de pensée, tendant à donner à la volonté un sentiment assez fort pour le faire passer à l’action. — La pénitence du bourreau de soi-même, loin de rendre la conversion plus prompte à l’aide du sentiment, est une peine perdue, qui a même cette conséquence fâcheuse de porter à croire que le livre des fautes est effacé par là (par la pénitence), et d’alanguir les efforts vers le mieux, quand il serait cependant raisonnable de les redoubler.