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sité de prémunir les jeunes gens là-contre. La jeunesse a plus besoin en cela de l’éperon que du frein. L’et-fort le plus violent et le plus soutenu peut bien ici fatiguer l’esprit au point de faire prendre la science en aversion, mais il ne jettera pas le trouble dans une intelligence qui a été saine jusque-là, et qui, par conséquent, n’a trouvé aucun goût aux livres mystiques et aux révélations, qui sont au-dessus de la saine intelligence humaine. A ce vice se rattache aussi le penchant pour la lecture des livres qui ont conservé une certaine onction sacrée, mais à cause de la lettre seulement, sans qu’on se soucie du sens moral qu’ils recouvrent ; ce qui a fait inventer à un certain auteur cette expression : «il est scribomaae (scrifftoll). »

Je doute qu’il y ait une différence entre la manie (delirtum générale) et la monomanie qui s’attache à un objet déterminé (delirtum circa objectum). Latft* raison (qui est quelque chose de positif, et non pas un simple défaut de raison) est, ainsi que la raison, une simple forme à laquelle les objets peuvent corres» pondre, et ces deux choses, la raison et les objets, ont par là une valeur générale. Mais dans Y invasion de kt folie (invasion qui d’ordinaire se manifeste subitement), il survient d’abord à l’esprit un trait (la matière accidentelle d’achoppement, su r laquelle s’exerce ensuite le délire); ce trait (Wurf) devient ensuite le thème sur lequel l’aliéné déraisonne de préférence; la· nouveauté de l’impression fait plus d’effet sur lui que tout ce qui vient ensuite.