Page:Kant - Anthropologie.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

452 de l'intelligence.

c

§ XLIX. DES MALADIES DE L'AME. La principale division de ces maladies, ainsi qu'on Ta déjà remarqué, est en hypocondrie (Grillenkran-kheit) et en manie. La dénomination de la première est prise de l'analogie observée entre cette espèce de maladie et le bruit éclatant du grillon dans le silence de la nuit, bruit qui empêche le repos nécessaire au sommeil. La maladie de l'hypocondriaque consiste donc moins dans certaines sensations corporelles internes, qui formeraient une véritable douleur physique, que dans l'appréhension d'un tel mal ; et la nature humaine est telle (l'animal n'en est pas là), que l'attention à certaines impressions locales est capable de les fortifier ou de les affaiblir. Au contraire, Yab-straction volontaire ou occasionnée par des occupations qui détournent la pensée des impressions, fait qu'on les sent beaucoup moins; et si cette abstraction est habituelle, elle les prévient (1). De cette manière, l'hypocondrie, comme maladie de l'esprit, est la

(1) J'ai fait remarquer dans un autre écrit, qu'en détournant l'attention de certaines sensations douloureuses, et en l'appliquant fortement à quelque autre objet choisi à dessein, on pouvait y résister au point de les faire avorter comme maladies. — Comp. le Traité de la Puissance de l'âme de maîtriser ses sentiments maladifs par la simple résolution, traité qui fait partie de la Contesta* tion des Facultés et qui a été inséré dans le. Xe vol. de l'édition complète des œuvres de Kant donnée par M. Rosenkranz et Schubert -(Schub.)