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MALADIES DE L'AME.


lent qui se rencontre dans l’esprit parait d’un prix inférieur (si l’on en juge par les fins de la raison) à celui qu’on remarque dans le jugement. — L’intelligence commune et saine ne vise ni à l’esprit ni à la subtilité, qui sont comme un luxe de la pensée ; elle s’en tient au pur nécessaire.


§ XLIV.


Des faiblesses et des maladies de l’âme, par rapport
à ses facultés intellectuelles.


A


DIVISION GÉNÉRALE.


Les vices de l’intelligence sont ou des faiblesses ou des maladies de l’esprit. Les maladies intellectuelles de l’âme forment deux principaux genres : l’un consiste dans une affection triste (hypocondrie), l’autre dans un trouble de l’esprit (manie). Dans la première sorte de maladie, le patient n’ignore pas que le cours de ses pensées a quelque chose d’irrégulier, puisque sa raison n’est pas assez forte pour en régler le cours pour la contenir ou l’accélérer. Des joies et des tristesses intempestives, des caprices par conséquent, se succèdent comme le temps, qu’il faut prendre en lui comme on le trouve. — Dans la seconde sorte de maladie, on remarque un cours arbitraire de pensées qui a sa propre règle (subjective) ; mais cette règle est en opposition avec les lois (objectives) de l’expérience d’accord entre elles.