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DE L'INTELLIGENCE


pas celles d’après lesquelles la nature procède, comme il arrive chez les animaux poussés par un instinct naturel, mais bien celles qu’il se fait à lui-même. Ce qu’il apprend purement et simplement, et confie de la sorte à sa mémoire, il l’apprend d’une manière toute mécanique (suivant des lois de l’imagination reproductive) et sans intelligence. Un serviteur qui est simplement chargé de transmettre un compliment suivant une formule convenue, n’y met aucune intelligence, en ce sens qu’il n’a pas même besoin dépenser ; la pensée.n’est nécessaire qu’autant qu’il a quelque intérêt domestique à soigner en l’absence de son maître ; encore n’est-il pas besoin de prescrire pour cela des règles de conduite minutieusement détaillées.

Un entendement juste, un jugement exercé, et une raison solide constituent la faculté intellectuelle de connaître dans toute son étendue, en tant surtout que cette faculté est envisagée comme directrice de la vie pratique, c’est-à-dire des fins à atteindre.

Un entendement juste est l’entendement sain, en ce sens qu’il contient une appropriation des notions à leur fin pratique. De même donc que la suffisance (sufficientia) et la justesse ou proportion (prœcisio) réunies constituent la convenance, c’est-à-dire la propriété qui fait que la notion ne contient ni plus ni moins que ce qu’exige l’objet (conceptus rem adœquans), de même un entendement juste est de toutes les facultés intellectuelles la première et la principale, parce qu’il atteint son but par le moins de moyens possible.