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DU LANGAGE.

Les tombes, les mausolées sont des signes de souvenir pour le défunt. De même, les pyramides sont des monuments de la mémoire impérissable de la grande puissance passée d’un roi. — Les couches de coquillages qu’on trouve dans des contrées fort éloignées de la mer, ou les trous des Pholades au sommet des Alpes, ou les restes des volcans qui ne jettent plus de flammes, sont autant d’indices de l’ancien état du globe, et servent de fondement à une archéologie de la nature, mais pas aussi évidents que les blessures cicatrisées du guerrier. — Les ruines de Palmyre, de Balbeck et de Persépolis sont des souvenirs parlants de l’état de l’art chez d’anciens peuples, et de tristes monuments de la vicissitude de toutes choses.

Les signes indicateurs de l’avenir sont les plus intéressants, parce que dans la série des événements le présent n’est qu’un clin-d’œil, et que le mobile des désirs ne se soucie de l’actuel qu’en considération de l’avenir (ob futura consequentia), qui est l’objet particulier de son attention. — C’est en astronomie que la prévision des événements cosmiques est la plus certaine ; mais elle n’est que puérile et fantastique lorsqu’elle donne les constellations, les conjonctions et les oppositions des planètes comme des signes allégoriques célestes de la destinée de l’homme (dans l’astrologia judiciaria).

Les pronostics naturels d’une maladie imminente ou de la santé, ou (comme la facies hippocratica) de la mort prochaine, sont des phénomènes fondés sur une longue et fréquente expérience, et qui, d’après l’aperçu