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DU LANGAGE


mais surtout, mais essentiellement de la vérité de la doctrine, on peut et l’on doit l’interpréter comme un mode de représentation tout symbolique destiné à rendre ces idées pratiques à l’aide d’usages et de pratiques établis ; autrement le sens intellectuel, qui est la grande affaire, se perdrait.


§ XXXVIII.


On peut diviser les signes en arbitraires (artificiels), en naturels et en prodigieux.

I. La première classe comprend : 1° les gestes (la mimique, qui est en partie naturelle aussi) ; 2° l’écriture (les lettres, qui sont des signes de la parole) ; 3° la musique (des notes) ; 4° des signes visuels convenus entre particuliers (des chiffres) ; 5° des signes de condition pour les hommes libres, honorés d’un rang supérieur et héréditaire (armoiries) ; 6° des signes d’infériorité dans l’habit de cérémonie (uniforme, livrée) ; 7° des signes honorifiques de service (ordres de chevalerie) ; 8° des signes d’infamie (la marque au fer chaud, etc.) — Font encore partie des signes de l’écriture les points de suspension, d’interrogation, d’exclamation ou d’admiration (en général les signes de ponctuation.)

Tout langage est une notation de pensées, et, réciproquement, la principale espèce de notation des pensées est celle qui a pour instrument le langage, qui est le plus puissant moyen de s’entendre soi-même et d’en-