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DE LA DIVINATION


est comme une conscience de l’avenir produite par la réflexion sur la loi de l’enchaînement successif des événements (la loi de causalité).

Il est facile de voir que tout pressentiment est une chimère ; comment, en effet, pouvoir sentir ce qui n’est pas encore ? Qu’il y ait des jugements fondés sur des notions obscures d’un rapport de cette espèce, à merveille, mais ce ne sont pas des pressentiments ; on peut développer les notions qui conduisent à ces jugements, et faire voir comment ils se forment. — Les pressentiments ont en grande partie un caractère inquiet ; l’anxiété, qui a ses causes physiques, précède, sans qu’on sache ce qui est à redouter. Mais il y a aussi les pressentiments gais et résolus des illuminés, qui ont pour objet la révélation prochaine d’un mystère pour lequel l’homme n’a cependant pas de capacité sensible, et le pressentiment de ce qu’ils croient voir clairement dévoilé, comme s’y attendaient les époptes dans l’intuition mystique. — La seconde vue des montagnards écossais, par laquelle certains d’entre eux croient voir un pendu à un mât, prétendant avoir été avertis de sa mort après leur entrée réelle dans un port éloigné, appartient encore à cette classe d’illusions.


§ XXXV.


De la divination
(Facilitas divinatrix).


La prévision, la prédiction, la divination, diffèrent en ce point que la première est une vision anticipée,