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DE L'INTELLIGENCE


Les gens d’esprit ont rarement une mémoire fidèle (ingeniosis non admodum fida est memoria) ; c’est une observation qu’explique ce phénomène.

Le procédé mnémonique judicieux n’est autre chose qu’une table de division d’un système (par exemple du système de Linnée) présente à la pensée, à l’aide de laquelle, et en repassant le nombre des membres de division établi, ou peut retrouver ce qu’on aurait oublié. On peut recourir encore aux divisions d’un tout rendues sensibles (par exemple des provinces d’un pays sur une carte, suivant qu’elles sont au nord, à l’ouest, etc.), parce qu’on se sert encore, à cet effet, de l’entendement, et qu’à son tour il est un auxiliaire pour l’imagination. Le souvenir est très particulièrement facilité par la topique, c’est-à-dire par une distribution des notions générales appelées lieux communs ; ce qui, s’obtient par une classification, comme on classe dans une bibliothèque les livres par compartiments avec différentes étiquettes.

Il n’y a pas de mnémotechnie (ars mnemonica) qui soit une théorie universelle. Au nombre des artifices particuliers de ce genre sont les sentences en vers (versus memoriales) ; le rhythme contient une chute régulière de syllabes qui est très favorable au mécanisme de la mémoire. — Il ne faut pas trop se

    plus enfants qu’il ne les avait pris. On peut donner comme exemple de cette dernière manière d’enseigner ou d’apprendre, le titre des Pandectes : De heredibus suis et legitimis. Le premier mot a été représenté par une boîte cadenassée, le second par un porc, le troisième par les deux tables de Moïse.