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DEUX LETTRES À M. FRIEDRICH NICOLAI

(À PROPOS DE LA QUESTION DES RAPPORTS DE LA THÉORIE ET DE LA PRATIQUE).

1798.

PREMIÈRE LETTRE.

À M. FRIEDRICH NICOLAI,

L’AUTEUR.

Les savantes reliques de l’excellent Moser (qui souvent aussi a donné dans le genre comique et burlesque) tombèrent entre les mains de son ancien ami M. Friedrich Nicolaï. C’était une partie d’un traité fragmentaire, portant ce titre : De la théorie et de la pratique. Il fut communiqué en manuscrit à M. Nicolaï, et celui-ci pense que Moser le lui aurait lui-même communiqué, s’il l’eut entièrement achevé. Il remarque à ce propos « que Moser n’était pas seulement un royaliste, mais méme, si l’on veut l’appeler ainsi, un aristocrate on un défenseur de la noblesse héréditaire, au grand étonnement et au grand scandale de beaucoup de nouveaux politiques de l’Allemagne. » — « On a voulu soutenir entre autres (Voyez Éléments métaphysiques de la doctrine du droit, 1re édition, p. 192) qu’un peuple n’accepterait jamais librement et de propos délibéré une pareille noblesse. » À ce sujet, Moser, suivant cette manière comique qu’on lui connaît, imagine un récit où figurent des personnages occupant de très-hautes fonctions, comme celles de vice-roi, tout en restant les véritables sujets de l’État, et il suppose douze cas : dans les six premiers, les fils du fonctionnaire mort sont mis de côté, ce dont les sujets se trouvent fort mal ; dans les six derniers, au contraire, on les choisit, ce