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$4) rsrns ricrurs aturrirs ru mrorr. lois publiques, investies d'une certaine puissance , auxquelles chaque État devrait se soumettre (un droit qui serait pour les Etats analogue à ce qu’est le droit civil pour les individus). — Nr d’attendre une paix universelle et durable de ce que l’on Y appelle l’équilibre des puissances européennes, c’est une pure chimère, semblable a cette maison de Swift, qu’un archi- tecte avait construite d’ime façon si parfaitement conforme à toutes les lois de l’équilibre , q_u'un moineau étant venu s’y poser, elle s’écroula aussitôt. — a Mais, dira-t-on , les États ne se soumettront jamais à ces lois de contrainte; et la pro- position d’une république universelle des peuples , sous l’au- torité de laquelle tous les États particuliers doivent se ranger volontairement, en s’engageant à obéir à ses lois, peut faire un bon effet dans la théorie d’un abbé de Saint- Pierre ou d’un Rousseau, mais elle ne vaut rien en pratique. Aussi voit-on que les grands hommes d’État et plus encore les souverains s’en sont toujours moqués comme d’une idée pédantesque et puérile qui vient de l’école. » Pour moi, j’ai confiance au contraire dans la théorie qui procède du principe du droit, prescrivant ce que doivent etre les rapports des hommes et des Etats entre eux , et qui re· commande aux dieux de la terre cette maxime, de se con- · duire toujours dans leurs différends de façon à préparer une république universelle des peuples, et par conséquent de la regarder comme une chose possible (in praœi), comme une chose qui peut étre; mais en même temps aussi (in subsidium) j’ai conliance dans la nature des choses, qui conduit forcé- ment là ou lïon ne va pas toujours volontiers (/'ata volentem ducunt, nolentem lrahunt). Dans cette dernière il faut d’ail- leurs comprendre la nature humaine : comme le respect du droit et du devoir y est toujours vivant, je ne puis ni ne veux la croire si enfoncée dans le mal que la raison moralement pratique, après beaucoup d’essais malheureux, ne doive finir par en triompher, et la rendre tout à fait digne d’amour. ll est donc vrai de dire , même au point de vue cosmopolitique, que ce qui est bon en théorie, en vertu de certains principes de la raison, est bon aussi en pratique. -iɤ•···—