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dans cette branche et en entreprendre une revue générale. Il recherche les causes de cette diversité dans les principes, fixe ensuite les conditions formelles du droit naturel, en déduit le principe fondamental dans une théorie qui lui appartient, détermine l’obligation dans le droit naturel, et complète cette œuvre par les conséquences qui en dérivent ; à quoi il ajoute encore, sous forme d’appendice, quelques applications particulières de ces concepts et de ces principes.

Faire, en une si grande variété de matières, des remarques sur des points particuliers, serait aussi long que peu opportun. Il suffira donc d’extraire de la huitième section le principe sur lequel se fonde le système particulier qui caractérise cette œuvre, et d’en montrer la source ainsi que la nature propre. L’auteur ne regarde pas les principes qui déterminent simplement la forme de la libre volonté, indépendamment de tout objet, comme suffisants à fonder la loi pratique et par conséquent l’obligation. C’est pourquoi il cherche à ces règles formelles une matière, c’est-à-dire un objet qui puisse être accepté comme un postulat, à titre de but suprême prescrit par la nature des choses à un être raisonnable ; et cet objet, il le place dans le perfectionnement de cet être. De là ce principe pratique suprême : travaille au perfectionnement de tous les êtres sentants, surtout des êtres raisonnables — par conséquent aussi à ton propre perfectionnement ; d’où sort également ce principe : empêche cette perfection de s’amoindrir chez les autres — surtout en toi-même (en tant que d’autres en pourraient être la cause), ce qui implique évidemment une résistance, et par conséquent une contrainte.

Le caractère propre du système de notre auteur est de placer le principe de tout droit naturel dans une obligation naturelle antérieure, et d’admettre que ce qui autorise l’homme à contraindre les autres, c’est qu’il y est obligé (d’après la seconde partie du principe) ; autrement, pense-t-il, on ne saurait expliquer le droit de contrainte. Mais, quoique toute la science des droits naturels repose sur des obligations, il avertit qu’il faut sous-entendre l’obligation des autres à respecter notre droit (Hobbes remarque déjà que là où la contrainte accompagne nos prétentions, on ne peut plus concevoir aucune obligation pour les autres de se soumettre à cette contrainte). Il en conclut que la doctrine des obligations dans le droit naturel est