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DROIT POLITIQUE. 169

en trois personnes (trias politica') : le souverain pou­voir * (1a souveraineté), qui réside dans la personne du législateur ; le pouvoir exécutif*, dans la personne qui gouverne (conformément à la loi) ; et le pouvoir judi­ciaire9 (qui attribue à chacun le sien suivant la loi), dans la personne du juge (potestas legislatoria, rectoria et judiciaria). Ce sont comme les trois propositions d'un syl­logisme pratique : la majeure, qui contient la loi d'une volonté ; la mineure, l'ordre de se conduire d'après la loi, c'est-à-dire le principe de la subsomption des ac­tions sous cette loi; enfin la conclusion (la sentence), qui décide ce qui est de droit dans le cas dont il s'agit. §XLVI. Le pouvoir législatif ne peut appartenir qu'à la volonté collective du peuple. En effet, comme c'est de lui que doit procéder tout droit, il ne peut faire par sa loi aucune espèce d'injustice à personne. Or, quand quelqu'un décide quelque chose à l'égard d'un autre, il est toujours possible qu'il lui fasse quel­que injustice ; mais toute injustice est impossible dans ce qu'il décide pour lui-même (car volenti non fit injuria).' Il n'y a donc que la volonté concordante et collective de tous, en tant que chacun décide la même chose pour tous et tous pour chacun ; il n'y a, dis-je, que la volonté collective de tout le peuple qui puisse être législative. Les membres d'une telle société (societas civilis),

1 Herrschergewalt. — 2 Vollsihende gewalt. — · Rechtprechende