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disposition testamentaire[1] (dispositio ultimæ voluntatis) ne peut se concevoir dans l’état de nature, et que la question, s’il y a ici un contrat de succession[2] ou une disposition testamentaire unilatérale[3] (testamentum), dépend de celle de savoir si et comment est possible, au moment même où le sujet cesse d’être, la transmission du mien et du tien, la question de savoir comment est possible l’acquisition par hérédité doit être examinée indépendamment des diverses formes possibles de l’exécution de ce mode d’acquisition (lesquelles n’ont lieu que dans une société constituée).

« Est-il possible d’acquérir par testament[4] ? » — Le testateur Caius, déclarant sa volonté dernière, promet à Titus, qui ne sait rien de cette promesse, de lui laisser son avoir, en cas de mort, et ainsi il en reste, tant qu’il vit, l’unique propriétaire. Or nul ne peut rien transmettre à autrui par sa seule volonté[5], mais il faut encore, outre sa promesse, l’acceptation (acceptatio) de l’autre partie et une volonté simultanée[6] (voluntas simultanea), qui manque ici ; car, tant que Caïus vit, Titus ne peut accepter expressément pour acquérir par ce moyen, puisque le premier n’a promis que pour le cas de mort (autrement la propriété serait un instant commune, ce qui ne peut être la volonté du testateur). — Cependant Titus acquiert tacitement[7], comme un droit réel, un droit particulier à la succession, à savoir le droit exclusif de l’accepter (jus in re jacente), et c’est pourquoi on la nomme au

  1. Vermaechtniss.
  2. Erbvertrag.
  3. Einseitige Erbeseinsetzegung.
  4. Durch Erbeseinsetzung.
  5. Durch den blossen einseitigen Willen.
  6. Ein gleichzeitiger Ville.
  7. Stillschweigend.