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sentant un discours que quelqu’un adresse au public au moyen des signes visibles du langage. — Celui qui parle au public en son propre nom s’appelle l’auteur[1] (auctor) ; celui qui s’adresse au public dans un écrit au nom d’un autre (de l’auteur) est l’éditeur[2]. Il l’est légitimement, s’il a la permission de l’auteur ; mais, s’il ne l’a point, il agit contrairement au droit, il est contrefacteur[3]. La somme de toutes les copies de l’original (de l’exemplaire)[4] est l’édition[5].

La contrefaçon des livres est contraire au droit.

Un écrit n’est pas immédiatement la représentation d’un concept (comme par exemple une gravure qui représente une personne déterminée sous la forme d’un portrait, ou un plâtre qui la représente en buste), mais un discours adressé au public, c’est-à-dire que l’auteur parle au public par le moyen de l’éditeur. — Quant à celui-ci, il parle (par le moyen de l’imprimeur qui est son operarius), non pas en son propre nom (car il se donnerait alors lui-même pour l’auteur), mais au nom de l’auteur, ce qu’il n’est fondé à faire qu’en vertu d’un mandat[6](mandatum) à lui octroyé par ce dernier. — Or le contrefacteur, dans une édition qu’il a faite de son propre chef, parle bien au nom de l’auteur, mais sans en avoir reçu de mandat (gerit se mandatorium absque mandato) ; par conséquent il commet un délit à l’égard de l’éditeur, autorisé par l’auteur

  1. Schriftsteller.
  2. Verleger.
  3. Nachdrucker.
  4. Urschrift (Exemplare). — Le mot exemplaire s’applique plus ordinairement aux copies qu’à l’original. xxxxxxJ. B.
  5. Verlag.
  6. Vollmacht.