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par des raisonnements que, pour construire un triangle, il faut prendre trois lignes (proposition analytique), dont deux ensemble doivent être plus grandes que la troisième (proposition synthétique ; mais les deux sont à priori). C’est un postulat de la raison pure (qui fait abstraction de toutes les conditions sensibles de l’espace et du temps, en ce qui concerne le concept du droit), et la doctrine qui montre comment il est possible de faire abstraction de ces conditions, sans supprimer pour cela la possession, est la déduction même du concept de l’acquisition par contrat, de même que dans le titre précédent la déduction était la doctrine de l’acquisition par l’occupation des choses extérieures.

§ XX.

Mais qu’est-ce que j’acquiers à l’extérieur par le contrat ? Comme il ne s’agit ici que de la causalité de l’arbitre d’un autre relativement à une promesse qui m’est faite, je n’acquiers point par là immédiatement une chose extérieure, mais un acte de la personne, au moyen duquel la chose passe en ma puissance et devient mienne. — Je n’acquiers donc par le contrat que la promesse d’un autre (non la chose promise), et pourtant mon avoir extérieur s’en trouve accru ; je suis devenu plus riche[1] (locupletior) par l’acquisition d’une obligation active que je puis imposer à la liberté et aux facultés d’un autre. — Mais ce droit qui m’appartient n’est qu’un droit personnel, c’est-à-dire c’est le droit d’exiger d’une personne physique déterminée et de sa causalité (de son arbitre) qu’elle me fournisse quelque chose ; ce n’est pas un droit réel, ou un droit sur cette personne morale, laquelle n’est autre

  1. Vermoegender.