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INTRODUCTION.


qui n’est pas nécessairement lié au désir de l’objet, et qui par conséquent ne s’attache pas au fond à l’existence de l’objet de la représentation, mais à la seule représentation. C’est le sentiment de cette dernière espèce de plaisir que nous appelons goût[1]. Il n’en peut donc être question, dans une philosophie pratique, comme d’une partie intégrante[2] mais seulement d’une manière épisodique. Quant au plaisir pratique, la détermination de la faculté de désirer, que ce plaisir doit nécessairement précéder comme cause, s’appellera, dans le sens étroit du mot, désir[3], et le désir habituel, inclination[4]. Et comme l’union du plaisir avec la faculté de désirer, lorsque l’entendement la juge bonne à former une règle générale (mais qui en tous cas n’a de valeur que pour le sujet), prend le nom d’intérêt[5], le plaisir pratique est dans ce cas un intérêt d’inclination. Au contraire, lorsque le plaisir ne peut que suivre une détermination antérieure de la faculté de désirer, il est alors un plaisir intellectuel, et l’intérêt qui s’attache à l’objet, un intérêt de raison ; car, si l’intérêt était sensible et ne se fondait pas sur des principes purement rationnels, c’est qu’il y aurait une sensation liée au plaisir, laquelle déterminerait ainsi la faculté de désirer. Quoique, là où il faut admettre un intérêt purement rationnel, on ne doive y substituer aucun intérêt d’inclination, nous pouvons cependant, pour nous conformer au langage reçu, même en parlant de ce qui ne peut être que l’ob-

  1. Geschmack.
  2. Als von einem einheimischen Begriffe.
  3. Begierde.
  4. Neigung.
  5. Interesse.