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INTRODUCTION DU TRADUCTEUR.


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ANALYSE CRITIQUE DE LA DOCTRINE DU DROIT.


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Analyse


La Critique de la raison pratique a posé les fondements de la morale, en reprenant et en achevant l’œuvre déjà commencée dans l’ouvrage auquel Kant avait donné le titre même de Fondements de la métaphysique des mœurs : elle a solidement établi et mis en pleine lumière le principe fondamental de la moralité, la loi du devoir ; et, après en avoir déterminé l’origine et les caractères, elle a montré le lien qui l’unit, d’abord à l’idée de La liberté, ensuite à celles de l’immortalité de l’âme et de l’existence de Dieu. Ce n’est pas tout : il s’agit maintenant d’élever l’édifice dont on n’a fait encore que jeter les fondements : après avoir fixé dans la raison pure, comme l’unique base de la morale, le principe du devoir, il faut entreprendre de construire le système rationnel de la morale même, le système des devoirs, ou ce que Kant appelle la métaphysique des mœurs. Telle est l’œuvre dont les deux premiers ouvrages n’étaient que la préparation ; c’est la doctrine succédant à la critique. Elle est à la critique de la raison pratique ce que la métaphysique de la nature est à la critique de la raison spéculative.

Caractère de la métaphysique des mœurs.

Cette doctrine, comme Kant l’indique par le nom même qu’il lui donne (1)[1], doit tirer exclusivement ses principes de la raison : ils sont essentiellement à priori, et ne sont des lois morales qu’à ce titre. S’il y a pour lui une vérité évidente, c’est que la morale repose sur des principes à priori. Essayez de la fonder sur des

  1. (1) On sait qu’il entend en général par métaphysique, — il le rappelle lui-même dans son introduction (trad. franc. p. 22), — un système de connaissances à priori fondées sur de simples concepts.