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DE L’ÉDUCATION PHYSIQUE.


tout ce qu’il est nécessaire de faire en matière d’éducation depuis le commencement jusqu’à la fin. Lors même qu’un gouverneur n’a affaire qu’à de grands enfants, il peut arriver qu’il voie naître de nouveaux enfants dans la famille, et, s’il a mérité par sa bonne conduite d’être le confident des parents, ils ne manquent pas de le consulter sur l’éducation physique de leurs enfants ; il est souvent d’ailleurs le seul savant de la maison. Le gouverneur a donc besoin aussi de connaissances sur ce sujet.

L’éducation physique ne consiste proprement que dans les soins donnés soit par les parents, soit par les nourrices, soit par les gardiennes. La nourriture que la nature a destinée à l’enfant est le lait de sa mère. C’est un préjugé de croire que l’enfant suce en quelque sorte ses sentiments avec le lait maternel, quoiqu’on entende souvent dire : Tu as sucé cela avec le lait de ta mère. Mais il est très-important pour la mère et pour l’enfant qu’elle nourrisse elle-même. Toutefois il faut admettre ici des exceptions, dans certains cas extrêmes, causés par un état de maladie. On croyait autrefois que le premier lait que donne la mère après l’enfantement et qui ressemble à du petit-lait est nuisible à l’enfant, et que la mère doit d’abord s’en débarrasser avant de songer à nourrir son enfant. Mais Rousseau appela le premier l’attention de la médecine sur la question de savoir si ce premier lait ne serait pas bon aussi pour l’enfant, puisque la nature n’a rien fait en vain. Et l’on a réellement trouvé que ce lait chasse on ne saurait mieux les ordures que contient le corps du nouveau-né, ou ce que les médecins appelent le méconium, et qu’il est ainsi très-bon pour les enfants.

On a élevé la question de savoir si l’on peut nourrir également les enfants avec du lait d’animal. Le lait de


thamin. - Pédag. de Kant. 4