Page:Kant-Traité de pédagogie (trad. Barni), 1886.pdf/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
KANT. — PÉDAGOGIE.


t-elle un pas de plus vers le perfectionnement de l’humanité ; car c’est dans le problème de l’éducation que gît le grand secret de la perfection de la nature humaine. On peut marcher désormais dans cette voie. Car on commence aujourd’hui à juger exactement et à apercevoir clairement ce qui constitue proprement une bonne éducation. Il est doux de penser que la nature humaine sera toujours mieux développée par l’éducation et que l’on peut arriver à lui donner la forme qui lui convient par excellence. Cela nous découvre la perspective du bonheur futur de l’espèce humaine.

L’esquisse d’une théorie de l’éducation est un noble idéal, et qui ne nuirait en rien, quand même nous ne serions pas en état de le réaliser. Il ne faut pas regarder une idée comme chimérique et la donner pour un beau rêve, parce que des obstacles en arrêtent la réalisation.

Un idéal n’est autre chose que la conception d’une perfection qui ne s’est pas encore rencontrée dans l’expérience. Telle est, par exemple, l’idée d’une république parfaite, gouvernée d’après les règles de la justice. Est-elle pour cela impossible ? Seulement il faut d’abord que notre idée ne soit pas fausse, et ensuite qu’il ne soit pas absolument impossible de vaincre tous les obstacles qui peuvent s’opposer à son exécution. Si, par exemple, tout le monde mentait, la franchise serait-elle pour cela une pure chimère ? L’idée d’une éducation qui développe dans l’homme toutes ses dispositions naturelles est vraie absolument.

Avec l’éducation actuelle les hommes n’atteignent pas du tout le but de leur existence, car quelle diversité n’y a-t-il pas dans leur manière de vivre ! Il ne peut y