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DEUXIÈME SECTION

Quand je conçois en général un impératif hypothétique, je ne sais pas d’avance ce qu’il pourra contenir, je ne le sais que lorsque la condition m’est donnée 1[1]. Au contraire, dès que je conçois un impératif catégorique je sais aussitôt ce qu’il contient. Car l’impératif ne contenant outre la loi que la nécessité de la maxime *[2], à savoir de se conformer à cette loi, et cette loi n’étant subordonnée à aucune condition qui la détermine, il ne reste plus que l’universalité d’une loi en général à laquelle la maxime de l’action doive être conforme et c’est celle conformité, à vrai dire que 2[3], l’impératif nous représente comme nécessaire.

Il n’y a donc qu’un impératif catégorique et en voici la formule : Agis toujours d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.

Si maintenant de cet impératif unique nous pouvons déduire, comme de leur principe, tous les impératifs du devoir, bien que nous laissions provisoirement sans réponse la question de savoir si ce que l’on appelle devoir n’est pas un concept vide, au moins pouvons-nous expliquer ce que nous pensons par ce concept et ce qu’il veut dire.

    de suite à l’embarrassante question qu’il vient de poser, va d’abord développer le concept d’Impératif catégorique et chercher les formules dans lesquelles cet impératif, s’il existe, doit nécessairement s’exprimer.

  1. 1. Par exemple, quand je sais que vous désirez la santé, je vous commande la tempérance.
  2. * La maxime est le principe subjectif de l’action ; elle doit être distinguée du principe objectif, à savoir de la loi pratique. La maxime exprime la règle pratique qui détermine la raison conformément aux conditions du sujet (souvent conformément à son ignorance ou à ses inclinations) ; c’est donc le principe d’après lequel le sujet agit ; la loi, au contraire, est le principe objectif valable pour tout être raisonnable, principe d’après lequel il doit agir, c’est-à-dire un impératif (N. de K.).
  3. 2. Le texte porte : welche gemässheit allein den Imperativ als nothwendig vorstelli. Le sens semble exiger der au lieu de den : C’est cette conformité que l’impératif nous représente comme nécessaire.